Le gouvernement français propose une aide aux viticulteurs en difficulté, mais pas de solution à long terme

Le gouvernement français propose une aide aux viticulteurs en difficulté, mais pas de solution à long terme

Les agriculteurs bordelais en difficulté ne sont pas impressionnés par les propositions du gouvernement visant à les aider à surmonter la crise qui menace leur mode de vie. Le ministre français de l'agriculture a élaboré un plan visant à éliminer les stocks de vin excédentaires dans tout le pays, mais sans changements plus importants, les agriculteurs continueront d'être confrontés à la ruine financière.

La source de la crise est un Bordeaux construit pour une époque antérieure. Dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, l'adulte français moyen buvait 150 litres de vin par an, principalement du vin de table rouge, soit près de 17 caisses par personne et par an, ou une demi-bouteille par jour. Aujourd'hui, ils consomment 40 litres, soit quatre caisses et demie par an. Au cours des cinq dernières années, la récolte annuelle moyenne de Bordeaux a été d'environ 480 millions de caisses, mais les ventes n'ont été que de 440 millions. Chaque année, un excédent de vin s'accumule et les viticulteurs s'endettent de plus en plus.

Après des retards et plusieurs protestations de la part des viticulteurs, le ministre français de l'agriculture, Marc Fesneau, a rencontré récemment les représentants du négoce du vin de Bordeaux. Cette réunion était attendue depuis longtemps par les vignerons frustrés, mais elle n'a finalement pas donné grand-chose.

M. Fesneau n'a offert qu'une seule concession concrète : 160 millions d'euros pour financer la distillation du vin non désiré en alcool industriel. Cette somme irait à tous les viticulteurs français ayant des excédents de vin, et pas seulement au Bordelais.

Le gouvernement français a déjà eu recours à la distillation d'urgence, notamment en 2020 lors de la pandémie, lorsque la demande s'est effondrée et que les stocks se sont accumulés, mais personne ne pense que ce plan résoudra le problème dans son ensemble.

"Cette mesure nous aidera à très court terme à vider les chais mais ne nous permettra pas à long terme de rééquilibrer l'offre et la demande", a déclaré Stéphane Gabard, président du syndicat des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur. "Il faut aussi réduire notre potentiel de production. Sans arrachage, si la récolte 2023 est normale, nous reproduirons ce même déséquilibre. La distillation 2020 avait nettoyé nos stocks excédentaires, mais ils ont été reconstitués en 2 ans, malgré de petites récoltes."

Le CIVB a demandé un paiement unique aux producteurs de 10 000 euros par hectare pour couvrir les coûts d'arrachage des vignes excédentaires. L'organisation estime que 10 000 hectares doivent être arrachés pour éliminer la production excédentaire. Le coût total de l'opération s'élèverait à 100 millions d'euros, soit moins que les 160 millions d'euros offerts par l'État pour distiller le vin non désiré. Le CIVB estime qu'en subventionnant l'arrachage des vignes, il serait possible de résoudre l'ensemble du problème en 18 mois. Le CIVB contribuerait également au fonds.

Cependant, la réglementation européenne ne permet pas aux États membres de subventionner le retrait des terres agricoles de la production. "Il y a deux solutions : soit nous parvenons à modifier la réglementation assez rapidement, soit nous trouvons un autre moyen", a déclaré Jean-Samuel Eynard, vigneron et président de la section girondine de la FDSEA, un syndicat d'agriculteurs.

Les viticulteurs du bas de l'échelle du Bordelais sont de plus en plus désespérés. La chambre d'agriculture de la Gironde a publié des chiffres révélant que 1 320 vignerons sont en grande difficulté financière. Plus d'un quart d'entre eux souhaitent arracher au moins une partie de leurs vignes. Plus d'un tiers d'entre eux sont déficitaires.

À l'occasion du salon national de l'agriculture qui se tiendra à la fin du mois, M. Fesneau devrait annoncer d'autres idées. L'une d'entre elles est que le gouvernement facilitera le remboursement des prêts en les assortissant de conditions plus souples. Mais les viticulteurs restent concentrés sur l'arrachage des vignes indésirables. Ils espèrent que M. Fesneau annoncera une modification de la réglementation qui le permettra.

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